Grève maoïste

Petit retour historique...

Les Maoïstes népalais se battent pour l'abolition de la monarchie et la mise en place d'une République Populaire. Ca a été notamment l'objet de la guerre civile qui avait fait 13000 morts entre 1996 et 2006 et s'est soldée par un succès.
Le Roi avait alors été démis de ses fonctions et un Président de la République avait pris sa place à l'exécutif avec un Premier Ministre de transition. 

Aujourd'hui, en mai 2010, soit quatre ans plus tard et après une succession de trois Premiers Ministres issus de partis politiques différents ayant tous échoué, les Maoïstes ont une revendication principale. D'ici le 28 Mai, si la nouvelle Constitution n'est pas éditée, l'ancienne Constitution fera foi... celle qui impose le retour du Roi à la tête du pays !
Solution non envisageable pour les Maoïstes qui exigent la démission de l'actuel Premier Ministre afin de mettre en place le Premier Ministre qu'ils ont choisi et qui rédigera une nouvelle Constitution (en quatre semaines !).

Les Maoïstes ont donc décidé de passer à l'action en imposant une grève générale indéfinie. 

Et voici mon reportage en tant que résidente népalaise au cœur du mouvement populaire. Les photos sont soit issues de la presse quotidienne, papier et numérique, soit de mes clichés personnels. 

Tout commence le 1er mai avec un énorme mouvement qui rassemble environ 500 000 Maoïstes venus de Kathmandu et du reste du pays. Une énorme marche à travers les rues de la capitale criant des slogans anti-gouvernementaux !

A partir du 2 Mai, la grève générale est totalement mise en place. 
Toutes les boutiques sont fermées, non pas que les commerçants soient maoïstes, mais s'ils ouvrent, leurs boutiques peuvent être saccagées et pillées sous prétexte qu'ils s'opposent au mouvement populaire.
A Thamel, le quartier où se trouvent toutes les boutiques touristiques ouvertes 7/7 de 9h à 21h. Pour voir ça habituellement il faut venir à 3h du matin ! Personnellement je suis épatée, je n'avais encore jamais vu ça.

La grève générale indéfinie c'est aussi interdiction aux véhicules motorisés de circuler (camions, bus, voitures, taxis, motos...) sous peine de vandalisme. Seuls les ambulances, les véhicules de presse, les tankers d'eau potable et une navette entre l'aéroport et le centre ville sont autorisés.
Les rues se vident de voitures et klaxons et s'emplissent de piétons.

Chaque jour, un peu partout dans Kathmandu on peut assister à des rassemblement de militants. Certains hurlent des discours très propagandistes à la gloire du maoïsme et acclamés par la foule, d'autres chantent et dansent, d'autres enfin sont clairement là pour se montrer.

L'armée et la police armée (équivalent des CRS) ont été mobilisées pour encadrer le mouvement protestataire.

La population prend son mal en patience, déjà habituée à de tels épisodes par le passé. 

Pour les étrangers de passage dans le pays c'est un peu plus compliqué car ils sont bloqués aux quatre coins du Népal en attendant que la situation se décoince. A Pokhara, c'est la ruée sur les distributeurs d'argent. 

Le mouvement maoïste prend de plus en plus d'ampleur jusqu'à ce qu'éclatent les premiers affrontements entre les manifestants et ceux qui veulent reprendre le travail car ils commencent à manquer d'argent. 

La police s'en mêle. 

Le 7 mai, une grande Marche pour la Paix est organisée afin de dire stop à la grève et aux violences. Les manifestants sont aussi nombreux que les Maoïstes.

Le soir même, le Parti Maoïste annonce la fin de la grève même si peu de leurs revendications ont été acceptées. La nouvelle Constitution sera-t-elle rédigée dans trois semaines ??...